Nos Grabuges est une série de rencontres avec des personnes investies dans le champ de l’écologie (notion à spectre large) débutée en 2022. Les personnes invitées sont issues de champs professionnels divers tels que : politique – scientifique – culturels – entrepreneuriaux – sans emplois – en recherche – en transition,…
Nous discutons ensemble sur la démarche de « Ce qui fait Grabuges » pour approcher du fil rouge de ce qui motive, engage, met en mouvement et permet les actions. Notre façon d’échanger est non conforme et l’approche est parfois bricolée et poétique. Nous ne sommes ni journalistes, ni artistes sonores. Mais, nous sommes motivées et attachées à l’écoute d’une parole spontanée, insolite, dans l’instant de la rencontre. Avec ces rencontres, nous fabriquons des micros événements.

Passée d’un idéalisme humanitaire vers « les PVD » à des engagements sociétaux; d’une vocation professionnelle qu’elle pensait exclusive au vécu d’un « non-statut » (de femme au foyer) et à la découverte de la puissance de l’informel. Revenue dans le monde du travail.
Temps de latence pendant lequel elle s’est passionnée pour la CNV, le biomimétisme, l’intelligence collective, d’autres types de gouvernance, la simplicité volontaire ou sobriété heureuse, des appréhensions différentes de la vie, du monde, et de la santé. Et les « transition towns » de Rob Hopkins. Mais elle ne croit plus beaucoup à une transition…
Elle est un peu frileuse avec l’affirmation que tout ce qu’on fait est politique, et préfère parler de modalités d’être citoyen, voire d’engagement citoyen.
Ses questions de base : de quel cycle fait partie ce qui constitue ma vie ? A quoi me relie ce qui me nourrit et fait mon quotidien ? A quel monde ai-je envie de contribuer ?
Madame quitte le Parlement pour cultiver les bois et habiter des cabanes

Mon grabuge, c’est trouver l’endroit où je bouscule les choses, pour trouver une société juste, viable, bonne. Utiliser mes degrés de liberté, avec la conscience d’être privilégiée, pour être la plus honnête possible, la plus cohérente avec une vie en accord avec ce qui est viable sur cette planète. C’est pas toujours facile. Je viens avec une manière de vivre, avec des capitaux sociaux, culturels, financiers qui sont injustement distribués. J’ai eu la chance d’en avoir plus. Mon grabuge c’est trouver ma place juste et chercher à contribuer. Je suis passé d’un grand grabuge à l’idée de faire un petit grabuge, sans retirer de responsabilité. Je fais partie d’un monde d’occidentaux, et de privilégiés. Mais j’essaie de jongler avec cela, et de ne pas prendre la culpabilité qui est paralysante. Pour me guider je cherche ma place, là où la qualité humaine est la plus grande, je trouve que c’est un bon indicateur pour se dire où aller. Là où les gens cultivent le plus de joie, où c’est le plus respectueux entre les gens et entre les gens et le vivant, je trouve que c’est une bonne voie. C’est oser être qui on est, et oser assumer ses vulnérabilités et ses forces pour prendre un peu de puissance. Faire un petit grabuge, mais le faire bien et fort !
Je participe à l’émergence d’idées et de projets personnels aux seins d’associations, en privé ou pour des lieux de formations (écoles – institutions). Diplômée de l’Université de Louvain La Neuve en Sciences Théâtrales et formée au management culturel (BAGIC), j’ai précédemment travaillé en tant que coordinatrice artistique et assistante de projet pour différentes institutions de théâtre et de cirque (ESAC – Latitude 50 – théâtre et publics – RABBKO – maison de la Bellone – Fédération des Arts de la rue – Alliance Française Athènes). Depuis 2011, je crée et participe à l’élaboration de projets singuliers à la croisée de plusieurs disciplines (arts-vivant, culture, cohésion sociale et espace public).
Depuis 2018, je suis en dialogue avec Pieter Ampe entre autre: avec la Cie Nationale Islandaise à Reikjavik en janvier 2019 – Résidence et accompagnement dramaturgique pour recherche à Vienne Impulztanz festival « Let your belly hang » en été 2023.
J’accompagne les artistes en tant qu’intervenante sous forme de dialogues. En formation permanente avec différents experts de domaines variés, je travaille en m’inspirant de méthodes en liens avec la sociologie, la médiation, l’écologie, et le vivant sous toutes ses formes. J’ai développé une méthode lié à la nécessité du soin dans une société que j’identifie comme « en souffrance ». L’écosophie me semble être l’approche philosophique la plus en adéquation avec mon travail.
Je crois qu’il y a une part de rage ronde là-dedans

Dans Grabuge pour moi, il y a le mot Bouge et le mot Rage. C’est dans mon lexique subjectif personnel. Il y a un côté dérangeant et quelque chose de naïf aussi, une candeur. Dans nos positionnements aussi parfois. C’est quelque chose que j’ai envie d’assumer. Grabuges, c’est accepter le chaos qui est moment du cycle. On parle de se confronter. Il y a une énergie ronde, tempérée, qui permet de rendre la rage intelligible, calmer le grabuge pour garder le lien. Ce projet répond à mon besoin d’entrer dans une forme de résistance à l’ordre établi : questionner et dire en écoutant. Besoin que “ça” bouge!
Entre 2010 et 2022, j’ai accompagné divers projets de transition écologique dans les secteurs du spectacle vivant, de l’audiovisuel et du cinéma, dont celui du théâtre de la Monnaie à Bruxelles.
Depuis fin 2022, je pilote à plein temps la mise en œuvre de la stratégie climat du théâtre de la Monnaie et plus largement sa stratégie en matière de transition écologique.
En tant qu’éco-conseillère dans le secteur culturel, je joue un rôle d’interface et de traducteur entre divers acteurs et experts permettant ainsi l’émergence de décisions et de pratiques nouvelles et concertées. Par un travail de veille et de réseau mené en permanence, j’actualise mes connaissances, je digère les informations reçues pour les diffuser adéquatement. Je joue le rôle de ‘passeuse’, pollinisatrice avec la détermination et le désir nécessaire d’ouvrir de nouvelles portes, d’infiltrer en douceur les brèches, soucieuse d’encourager mes publics-cibles à adopter de nouveaux points de vues et de nouvelles pratiques.
Du piratage qui met graduellement en mouvement de l’individuel au collectif

Mon grabuge, c’est venir mettre un peu de désordre dans les idées et les réflexions établies. Il y a une notion de piratage: se pirater soi-même et arriver par pollinisation à pirater d’autres idées, d’autres réflexions, d’autres modes de fonctionnement. Faire grabuge, c’est l’occasion de prendre un peu de recul, se trouver des espaces et des temps pour essayer de penser différemment, individuellement et collectivement. Je trouve la notion de langage indispensable, faire grabuge c’est aussi secouer nos mots, s’y arrêter, rechercher la nuance. Je rejoins la proposition d’Ernest Pignon Ernest, un artiste plasticien, qui invite à l’interpellation dans son travail. Je trouve intéressant ce concept de l’interpellation dans une œuvre ou un événement et d’observer comment dans le temps cette interpellation est restée calée là dans l’esprit. C’est la mémoire de cette interpellation qui se rappelle à nous, à ce quelque chose qui change progressivement. Grabuge, c’est rester vivant, ne pas subir, être actif. Dans le projet Grabuge nous proposons des expérimentations individuelles posées en collectif. Voilà ce qu’évoque Grabuge aujourd’hui, pour moi.